samedi 22 octobre 2011

Gros projet anti-nature


LGV, La Grande Vacherie


Moins médiatique que celle de l'Aquitaine, une Ligne à grande vitesse (LGV) prévue pour 2020 devrait relier Poitiers à Limoges. Sans aucune justification sociale ni même économique, elle traverserait les magnifiques terroirs du Haut Limousin encore préservés, et provoquerait un énorme gâchis environnemental. Bien qu'elle soit remise en question, et bien qu'il existe des alternatives, elle n'est toujours pas abandonnée.

Dans ces campagnes limousines, il existe encore des vaches avec des cornes, qui mangent de l’herbe et qui vivent heureuses avec leur veau ; des rivières sauvages courant entre les rochers moussus et des forêts abritant de vénérables châtaigniers multi centenaires. Cincle plongeur, loutre d’Europe, hoplie bleue (un magnifique coléoptère) comptent parmi les stars de ces écosystèmes, sans oublier les renards, blaireaux et autres martres qui prospèrent en ces lieux paisibles. Ici, luxe suprême, le silence n’est troublé que par le chant des oiseaux. Mais quelques bétonneurs puissants ont décidé de casser l’ambiance. Des dizaines d’associations locales très remontées contre ce projet se sont créées, cristallisant une opposition très vive de la majorité des habitants. Ces derniers se sentent manipulés, et ils craignent fort la disparition de leur douceur de vie.



Mais qui s’en soucie ? Dans les médias nationaux, c’est l’indifférence. Dans la PQR (presse quotidienne régionale), une très riche « Association de promotion Poitiers Limoges Brives » se paye régulièrement des pages entières de pub pro-TGV, avec un logo classieux et de beaux schémas couleurs, vantant le "modernisme" et dénigrant au passage les opposants. Ça masque volontairement la brutalité des faits, et ça sent un peu trop fort la propagande. Dans la même PQR, ce sont surtout des questions et des contestations, sinon des cris de désespoir, qui émanent des reportages sur le terrain. Les réunions locales houleuses sur le futur tracé succèdent aux opérations escargot ou aux rallyes touristiques des sites promis à la destruction. Dans les prés, les vaches limousines voient pousser des pancartes anti-LGV.


Petit résumé des arguments des opposants : cette ligne TGV ne permettrait de gagner que… un quart d’heure aux voyageurs allant de Paris à Limoges (en faisant un détour par Poitiers !). Coût du massacre : environ deux milliards d’euros (L’association de soutien au TGV annonce évidemment un chiffre moindre pour ce projet. À titre de comparaison, les travaux pharaoniques pour désensabler le Mont Saint Michel ne coûteront "que" 200 millions d’euros. De son côté, la SNCF affichait 500 millions de pertes au premier semestre 2009.). "Massacre" n’est pas un vain mot dans ce relief extrêmement vallonné. La beauté du paysage, la nature authentique, les activités agricoles encore traditionnelles, l’attrait touristique, tout ça serait remis en question pour faire gagner un peu de temps à quelques nantis ou voyageurs obligés de casser leur tirelire. En effet, le prix du billet pourrait atteindre les 130 euros, ce qui pénaliserait une fois de plus les moins favorisés.


Le 25 novembre 2009, cinq députés du Limousin et de Poitou-Charentes avaient tenu une conférence de presse à l’Assemblée nationale pour clamer leur soutien indéfectible au "désenclavement", oubliant le manque de consensus sur la question, négligeant la détresse de ceux qui les ont élus, et méprisant totalement l’environnement. Ils ont fourni à la presse des analyses écosystémiques d’une lumineuse modernité : "L’avenir des jeunes passe avant celui des coléoptères" (Le Populaire du Centre, 26 11 09). Les jeunes agriculteurs dont les terres risquent d'être réquisitionnées de force apprécieront. Quant aux coléoptères, indispensables au fonctionnement des écosystèmes dont les députés - organismes biologiques comme les autres - font partie, ils n’ont pas à être stupidement mis en balance avec les drames humains : ce n’est pas en écrasant les coccinelles que l’on va arrêter le chômage… Depuis, et heureusement, les rapports se succèdent à l'Assemblée et au Sénat pour dénoncer l'impossibilité de financer le barreau Poitiers/Limoges. Au cours d'un colloque à l'Assemblée en mai 2011, Guillaume Pépy, le président de la SNCF lui-même, a affiché ses réticences. Enfin. Cependanten septembre 2011, après son élection aux cantonales en Corrèze, la première déclaration de Bernadette Chirac a tout de suite été un fervent soutien à la LGV. Cette histoire n'est donc pas close.


D"après la CRI (Coordination des riverains impactés), dont une délégation a été reçue dernièrement au cabinet de la ministre de l'Ecologie, il y a débat au sein du ministère sur la réponse à apporter afin de résoudre l'accès à la Grande Vitesse pour le centre de la France et pour le Limousin en particulier.

Voici les trois projets :

- La LGV Limoges-Poitiers,

- Les perspectives du POLT (Paris Orléans Limoges Toulouse) avec la promesse prise devant les Présidents des Régions Centre, Limousin et Midi Pyrénées d'un investissement de 1 milliard d'euros pour la mise en place sur cette ligne de trains compatibles TGV en remplacement des TEOZ vétustes 

- L'apparition du nouveau projet POCL (Paris Orléans Clermont Lyon ) en doublement de Paris-Lyon , dont tous les scénarios proposés envisage un raccordement sur la ligne POLT, mettant Limoges à moins de 2 heures de Paris.

Selon la CRI, un évident problème de cohérence se pose au niveau du financement et d'aménagement du territoire : "l'abandon du projet de LGV Limoges-Poitiers s'impose donc, et le plus tôt sera le mieux".


La LGV devrait éventrer tous ces paysages, déchirer le silence et rompre l'harmonie...


http://www.wat.tv/video/cri-coordination-riverains-3htd7_3avqr_.html


Samedi 10 décembre 2011
deuxième journée européenne
contre les grands projets inutiles

Extrait du communiqué de presse :
Partout, des grands projets inutiles se développent (aéroports, LGV, autoroutes,
incinérateurs, projets immobiliers démesurés, ...) .
Partout, ces grands projets sont élaborés au profit d'intérêts privés, au détriment des populations, des territoires, des activités socio-économiques et menacent les terres agricoles, les milieux naturels et l'habitat humain. Partout, ces projets sont imposés dans l'opacité, contre l'avis des populations et souvent accompagnés de mesures d'intimidation : nous sommes dans un véritable déni de démocratie. Partout, ces projets gaspillent les ressources dans un contexte de crise (énergétique, alimentaire, sociale, écologique) et alourdissent la dette (économique et environnementale) sans aucun bénéfice social en retour, sans respect ni de nos ancêtres ni des générations futures.

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