dimanche 20 octobre 2013

L'énigme du soutien-gorge vibreur

Voici un extrait de mon "Super bestiaire", à paraître le 28 octobre (Robert Laffont 2013). L'histoire est véridique. Je la tiens de Laetitia Barlerin, vétérinaire médiatique et auteure du livre "Histoires incroyables d'animaux pas comme les autres" (Albin Michel 2009).

Cela se passe dans une université des Etats-Unis. Étudiante timide, Jennifer Simon a un problème, mais elle n’ose pas se lever et déranger le cours, et encore moins affronter les sarcasmes des garçons. Ce n’est pas une envie pressante qui la préoccupe, c’est… une inquiétante vibration dans son soutien-gorge. La jeune fille a d’abord pensé au téléphone portable qu’elle porte autour du cou, mais il est éteint. Discrètes et irrégulières au début, les inexplicables vibrations deviennent continues. Jennifer frôle la panique, mais elle tient bon. À peine l’interminable exposé du maître est-il achevé qu’elle se rue dans les toilettes et cherche la raison de ses tourments. Et là, c’est le choc : elle découvre une chauve-souris, glissée entre le tissu et le coussinet de son soutien-gorge ! Le réflexe de répulsion une fois passé, elle relâche l’animal par la fenêtre des toilettes, finalement bien soulagée.

Décryptons cette histoire véridique avec la froideur qui sied au scientifique : les spécialistes le savent, plusieurs espèces de chauves-souris se mettent à vibrer lorsqu’on les prend dans la main. C’est aussi une manière de faire fuir les indésirables. Les mâles de grand murin, par exemple, bourdonnent de la même manière qu’un essaim de frelons lorsqu’un intrus s’approche de leur gîte. Bref, le fait que cette chauve-souris se sentant en danger se soit mise à vibrer est finalement tout à fait explicable. Mais que diable faisait-elle dans cette galère ?
C’est le moment de se rappeler que les chauves-souris repèrent facilement la moindre fissure de rocher, le moindre interstice dans lequel elles pourraient s’abriter. Or, Jennifer Simon s’est souvenue qu’elle avait fait sécher ses sous-vêtements la veille au soir dans son jardin, non loin d’un lampadaire fréquenté par les chauves-souris. Selon toute logique, l’une d’elles a cherché un refuge douillet au petit matin : l’énigme du soutien-gorge vibreur est résolue. ça vous a fait peur ?


Portraits de chauves-souris extraordinaires (publiées dans "Super bestiaire", qui ne parle pas que de chauves-souris...)
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De gauche à droite, et de haut en bas


Chauve-souris porte-épée de Tomes (Lonchorhina aurita). Son nez en forme de glaive dépasse 2 cm de long. La languette interne de l’oreille (appelée tragus) joue un rôle dans la réception des ultrasons.
Hypsignathe monstrueux (Hypsignathus monstrosus). C’est la plus grande chauve-souris d’Afrique (1 m d’envergure), elle se sert plus de sa vue que de son système d’écholocation. Les mâles se rassemblent pour parader et chanter devant les femelles, comme le font nombre d’oiseaux à la saison des amours. C’est un des rares mammifères à adopter ce comportement nuptial. Elle est également peinte en couverture de "Super bestiaire".
Chauve-souris ridée (Centurio senex). Comme la chauve-souris porte-épée de Tomes et l’artibée, cet animal digne de la science-fiction fait partie des chauves-souris à feuille nasale du Nouveau Monde, aux faciès extraordinairement variés.
Nyctère de Geoffroy (Nycteris thebaica). Cette chauve-souris très agile vit au Moyen-Orient, en Afrique et à Madagascar. Elle attrape des scorpions au sol ou des insectes dans les arbres.
Molosse rouge (Molossus rufus). Certains molosses ont des bajoues pour transporter leur nourriture. Ils doivent leur nom à leur ressemblance avec les chiens.
Artibée (Artibeus sp.). Elle édifie des « tentes », dans lesquelles 20 à 30 animaux peuvent s’abriter. 16 espèces de chauves-souris d’Amérique tropicale se construisent des tentes en sectionnant le rachis (l’axe central) de grandes feuilles de plantes. La feuille se plie mais reste vivante, et la tente reste solide des années.

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