vendredi 30 novembre 2012

Les oiseaux annoncent l'hiver

Vol de vanneaux huppés
Des vols bruyants d'oies et de grues claironnent l'arrivée du froid. Ces oiseaux ne fuient pas les basses températures, mais le manque de nourriture. Les vanneaux se posent souvent en troupes nombreuses dans les plaines. Du côté des mammifères, les animaux ont acquis leur nouveau poil d'hiver. Ils nous le montrent tous : l'automne touche à sa fin.

vendredi 23 novembre 2012

La France sauvage sur Europe 1

Benjamin Petrover m'invite à parler de la nature en France et des animaux extraordinaires qui nous entourent, demain matin, samedi 24 à partir de 6 heures. Au programme, requins géants, phoques d'eau douce, marmottes et  arrivées de canards...

vendredi 16 novembre 2012

Nature en France, numéro de novembre/janvier

Le numéro 5 vient de paraître
Ce nouveau magazine 100 % nature, qui propose des balades à travers nos terroirs sous un angle naturaliste, m'a fait l'honneur de me passer à la questionnette, et d'ouvrir par là la tribune aux animaux. Ce numéro 5 nous emmène également dans les Deux-Sèvres, en Normandie, dans le Centre ou dans le Mercantour. Vous savez, là par où nos loups sont revenus...
http://www.nature-en-france.com/

Voici le texte de l'interview :


Naturaliste de terrain, homme de télé et de radio, écrivain spécialisé en zoologie, Marc Giraud répond aux questions de Nature en France.


NEF : Marc Giraud, vous êtes vice-président de l’ASPAS (Association pour la protection des animaux sauvages) et dans ASPAS, il y a le mot « animaux ». Aujourd’hui, on parle beaucoup d’environnement, de biodiversité, encore un peu de nature mais de plus en plus rarement d’animaux. Est-ce devenu ringard de s’intéresser aux animaux ?

Pas pour tout le monde, heureusement ! Il est vrai que pour certains, seul l’être humain semble digne d’intérêt. Ils ne se penchent sur les animaux que s’ils leur « servent » à quelque chose, ce ne sont pour eux que des objets d’exploitation, au mieux des sujets d’amusement dérisoires. C’est de courte vue, passéiste, ça a des relents de créationnisme. C’est ça qui est ringard. Mais globalement, les animaux continuent d’attirer spontanément le grand public. Les amateurs de nature et ceux qui ont des compagnons à quatre pattes ne se posent pas toutes ces questions. De plus, un courant moderne d’éthologistes (les spécialistes du comportement), de philosophes, voire de juristes, s’intéresse aux animaux pour ce qu’ils sont réellement. Ces chercheurs essaient de comprendre l’univers dans lequel vivent nos frères de planète, et ça ouvre des portes gigantesques.
Quant au terme un peu technocratique de « biodiversité », il fait sérieux dans les grands discours. Mais nous sommes en train d’oublier la notion fondamentale de « nature », alors qu’elle est tellement plus essentielle, émotionnelle, vitale. Un journal qui s’appellerait « Biodiversité en France », ça parlerait moins…

NEF : Est-il vraiment nécessaire de protéger les animaux sauvages ?

Tout ce qui est vivant mérite le respect, chaque espèce a sa place, on ne devrait même pas avoir besoin d’argumenter là-dessus. L’ASPAS se bat entre autres pour les animaux décrétés « nuisibles », une notion qui n’a aucune justification scientifique. Par exemple, de plus en plus d’agriculteurs demandent la protection des renards parce qu’ils sont de grands prédateurs de campagnols. Mais nous avons en face de nous des lobbies puissants et bornés. Aujourd’hui en France, la nature n’est plus réellement protégée sur le terrain. Qui sait que l’on chasse encore des espèces vulnérables, et jusque dans les espaces théoriquement protégés, comme le tétras lyre dans plusieurs Réserves naturelles (le Vercors, les Chartreuses…) ? Qui sait que l’on a le droit de piéger à la glu, un procédé aussi barbare que non sélectif, dans le Parc national des Calanques ? Que le Parc des Cévennes est devenu une chasse privée réclamant l’exclusion du loup ? à l’ASPAS, nous avons donc décidé d’acheter nous-mêmes des zones de nature que nous laissons en libre évolution, enfin à l’abri de toute exploitation. C’est une mission de service publique pour les générations futures. Et nous demandons la création d’un véritable ministère de l’écologie…

NEF : Il semble que le thème des animaux sauvages soit moins d’actualité qu’il y a quelques décennies. À la télévision, il n’y a pratiquement plus d’émissions thématiques sur les animaux. Des documentaires spécifiques parfois, mais rien ne semble avoir vraiment remplacé « La vie des animaux » des années 1960 ou « Les animaux du monde » et autres « Animalia » des années 1970 et 80. Vous avez-vous même une expérience dans ce domaine des animaux à la télévision. Quel est votre regard sur le sujet ?

Le problème, c’est que les décideurs des médias dominants sont essentiellement des urbains, voire des mondains, obnubilés par la politique et les enjeux financiers. La règle d’or des journalistes autrefois, c’était de répondre aux cinq W (Who, What, When, Where, Why). Aujourd’hui c’est le règne des trois P : Pouvoir, Pognon, Pipoles… Ils sont à l’image du monde artificiel dans lequel ils se complaisent, mais pas à l’image du monde réel. Je généralise grossièrement, bien sûr, mais c’est un peu ça ! Or, le grand public reste très demandeur d’informations sur le monde vivant, sur le fonctionnement de la planète mais aussi sur la nature de proximité, sur les animaux qu’ils peuvent rencontrer eux-mêmes. Je l’ai toujours vérifié, que ce soit sur la chaîne Animaux ou sur TF1 (où j’ai parlé d’animaux aux côtés de Christophe Dechavanne à « Coucou c’est nous », avec toujours une démarche éthique).
Il existe quelques exceptions lumineuses, comme « Vivre avec les bêtes » sur France Inter, une émission animée par Elizabeth de Fontenay et Allain Bougrain Dubourg. Allain, c’est notre chef de file médiatique, et je suivais ses reportages avec passion. Il a payé cher ses positions de protecteur, notamment contre le braconnage des tourterelles, car il s’est fait supprimer ses émissions télé. J’ai beaucoup d’estime pour son courage. J’ai le bonheur de participer régulièrement à « Vivre avec les bêtes », j’ai aussi celui d’avoir été l’auteur d’une grande série télé sur notre patrimoine naturel : « La France sauvage » (voir encadré). Les chaînes françaises produisent peu, mais elles achètent à l’étranger, et il reste quelques bons programmes ponctuels pour ceux qui cherchent un peu.

NEF : Vous avez longtemps dirigé « Hibou », une revue pour enfants consacrée aux animaux. Pensez-vous que les jeunes d’aujourd’hui montrent moins d’intérêt pour les animaux ?

Oh non, les enfants sont toujours les mêmes ! Les bébés sont fascinés par les autres êtres vivants. Dès leurs premiers babillages, ils poussent des « wouah wouah ! » et d’autres cris d’animaux. Nos instincts préhistoriques ne sont pas éteints. Mais les enfants sont détournés de leurs pulsions fondamentales par notre culture fanatique de technologie. Les jeux vidéo, ça bouge, c’est coloré, ça fait plein de bruits. Incapable de résister à cet excès de super stimuli, le cerveau humain est hypnotisé par l’écran, il s’habitue à recevoir les choses passivement. La concentration, la patience, la curiosité ou l’expérimentation par les sens se développent mal chez les enfants d’aujourd’hui, et le contact avec la nature est rompu… Contre cela, les rapports avec un animal domestique ou des balades dans la campagne restent des sources irremplaçables d’éveil sensoriel.
Les enfants m’ont beaucoup appris. Parler avec eux, par l’intermédiaire d’un journal ou au cours d’une sortie nature, est une grande leçon de communication : ils vous obligent à être clair, à oublier le jargon et les préoccupations des spécialistes. C’est très important de respecter son auditoire.

NEF : « Le Kama-sutra des demoiselles », ou « Calme plat chez les soles », livres dans lesquels vous faites découvrir des anecdotes amusantes et étonnantes de la vie des animaux, ou encore vos émissions, connaissent un beau succès. Cette nouvelle approche, moins encyclopédique, semble être un bon moyen de ré-intéresser les gens aux animaux. En tant que vulgarisateur, que pensez-vous apporter d’original au public ?

Vulgarisateur, ça me va ! Mon but est de montrer à un maximum de personnes que les animaux sont passionnants. Une de mes armes favorites de sensibilisation massive est l’humour : tout le monde aime rire, même ceux qui n’ont pas une grande attirance pour les bêtes. Et l’humour est le meilleur support pour captiver l’intérêt.
D’autre part, je parle de tous les animaux : les gros, les minuscules, les familiers, les exotiques, les sauvages ou les domestiques, mais aussi des comportements, de l’évolution, des plantes, des interactions entre espèces, etc. Avec cette curiosité la plus large possible, j’essaie de concerner tous les publics : aussi bien ceux qui ne connaissent pas du tout la nature que les spécialistes, qui seront peut-être surpris par des anecdotes touchant d’autres domaines que les leurs.
Enfin, j’évite les chiffres qui ne parlent pas et les poncifs, la recopie de ce qu’on voit déjà partout. C’est donc énormément de recherches pour dénicher les infos les plus inattendues et originales, puis une traduction en langage accessible. Je fais un peu un boulot de traducteur…

NEF : Pour rester dans le vocabulaire, les termes actuels de développement durable, de protection de la biodiversité, de responsabilité environnementale, n’ont-ils pas tendance à éclipser les notions plus simples de défense de la nature ou des animaux ? Ainsi, on ne dit plus « protéger les poissons » mais « préserver les ressources halieutiques », un peu comme si l’on souhaitait éviter de suggérer la notion même d’animal…

C’est tout à fait ça ! Nous agissons comme si nous avions honte de nos origines naturelles et de l’animalité qui est toujours la nôtre. Nous vivons dans une civilisation anti-nature qui a été brillamment étudiée par le regretté François Terrasson, chercheur au Muséum[1]. Il a trouvé l’explication dans nos inconscients : nous avons horreur de ce que nous ne maîtrisons pas, nous avons peur de la nature. Nous voulons tout « désensauvager », y compris notre vocabulaire. Même le fait de poser des nichoirs soulève question : les oiseaux libres auraient-ils oublié comment construire leur nid ? La nature a-t-elle besoin de pancartes et de sentiers balisés ? Serions-nous devenus incapables de supporter un endroit sauvage sans signe de présence humaine ? Défendre la nature, c’est sans doute d’abord la laisser tranquille. Elle se débrouille très bien toute seule depuis des millions d’années, et la « gestion » de l’homme me semble plus le problème que la solution.

NEF : Et les animaux domestiques ?

Ah, très bonne question ! Je suis désolé que tant de nos collègues naturalistes ne jettent pas un regard sur les vaches ou les moutons dans les prés, comme si ces bêtes avaient moins de dignité ou d’intérêt que les espèces sauvages. Or, il faudrait apprendre à les regarder avec des yeux de naturaliste, justement. Nous avons la chance de pouvoir observer des grands mammifères qui n’ont pas peur de nous, et qui nous montrent leur comportement naturel. J’ai trois chevaux, et je passe des heures à les regarder brouter, à décoder leur langage gestuel, leurs individualités, les rapports qu’ils entretiennent entre eux et avec les autres… De même, observer un chien ou un chat nous en apprend beaucoup sur leurs cousins sauvages, et sans doute sur nous-mêmes. C’est aussi passionnant que le manège des abeilles solitaires ou la parade nuptiale des busards cendrés. Tout est passionnant.

NEF : Vous êtes l’auteur d’un livre et d’une série de dix documentaires télé intitulés « La France sauvage ». Pouvez-vous nous en parler ?

Oui, j’ai eu la chance d’être appelé pour écrire les scénarios et les commentaires de cette série pour Arte. Travail énorme ! J’ai cherché à montrer à quel point la France est belle et diverse, comme si tous les climats du monde se donnaient rendez-vous chez nous : eaux turquoises « tropicales » de la Méditerranée, forêts boréales des montagnes, espèces africaines de la garrigue… sans oublier les milieux de proximité qui me sont chers : le bocage de nos terroirs et la nature en ville. J’ai voulu maintenir un équilibre entre les espèces prestigieuses et incontournables (le cerf, l’aigle, le phoque…) et des bestioles moins télégéniques, mais si importantes (le ver de terre, le bourdon, la mouche…). Comme d’habitude, j’ai collecté les anecdotes les plus étonnantes pour stimuler l’intérêt du public, mais pas gratuitement. Elles se tissent les unes aux autres pour faire comprendre le fonctionnement global de chaque écosystème : la course verticale vers la lumière pour la forêt, la résistance aux marées et au retrait des eaux pour les espèces des rochers bretons, ou l’adaptation aux pulsations des crues du fleuve libre pour la Loire. 
Quasiment tous les cinéastes animaliers de France ont été mobilisés sur dix milieux naturels. L’aventure a duré trois ans. Sophie Marceau nous a prêté sa voix et son talent. Les images sont magnifiques, et nous avons reçu des prix jusqu’aux états-Unis. L’auteur que je suis est particulièrement fier qu’un épisode ait été nommé pour les meilleurs commentaires au festival de Namur, et que le documentaire sur la forêt vosgienne ait décroché en 2011 le prix du meilleur film pédagogique à Ménigoute. Et Ménigoute, c’est ma famille…



[1] Ses trois ouvrages, « La peur de la nature », La civilisation anti-nature » et « Pour en finir avec la nature », ainsi qu’un recueil de ses inédits, « Un combat pour la nature », sont tous publiés aux éditions Sang de la Terre.

mardi 6 novembre 2012

Découverte d'une baleine rarissime !


Copyright New Zealand government
Certaines créatures marines nous sont quasiment inconnues. Ainsi, la baleine à bec de Longman (Indopacetus pacificus), dont on ne connaît au monde que deux crânes, l’un découvert au Queensland en 1822, et l’autre en Somalie en 1955. Jusqu’à aujourd’hui, c’était aussi le cas de la baleine à bec de Travers (Mesoplodon traversii), dont le bec est parfaitement symétrique, mais dont le premier os connu a été découvert par Henry Hammersley Travers. En tout, on n’a trouvé de cette mystérieuse baleine que trois crânes en 140 ans !
Or, après des analyses génétiques dont les résultats viennent d'être publiés, il s’avère que deux cétacés (une mère et son petit) échoués sur une plage néo-zélandaise en 2010, tout d’abord pris pour des animaux plus courants, appartenaient bien à cette espèce rarissime : c’est donc la première fois qu’elles ont été vues et identifiées ! La baleine à bec de Travers mesure cinq mètres de long, et a pourtant quelques chances de ne pas passer inaperçue. Cela confirme à la fois que cette espèce n'a pas disparu, que nous ne savons que bien peu de choses de la vie au fond des océans, et qu'il nous en reste encore beaucoup à découvrir…