Pour qui a été impressionné, comme moi, par la force du
film « Félins », cette dernière production est plutôt décevante. Bien
sûr, c’est un bon spectacle familial, labellisé Disney Nature donc contenant
tous les ingrédients du genre. Mais c’est un peu court, et ça passe à côté
d’une réalité pourtant extrêmement riche et inspirante. Résumé : un enfant chimpanzé, Oscar, perd sa mère au
cours d’une bataille contre une bande rivale, mais il survit à la famine et au
rejet social en se faisant adopter par le chef de sa tribu. Tout est dit.
Certes, cette adoption est émouvante pour les spectateurs (et surprenante pour
les primatologues, qui n’avaient pas encore observé un tel comportement de la
part d’un mâle étranger à l’orphelin). Mais l’envoûtante forêt tropicale,
primordiale et magique, si puissamment évocatrice, n’est ici qu’un beau décor
comme un autre : l’histoire pourrait se passer n’importe où, avec n’importe
quelle espèce animale. C’est un peu « Plus belle la vie » version
forêt africaine, avec d’autres primates…
Heureusement, nous découvrons un peu de la vie quotidienne
de ces chimpanzés, qui passent beaucoup de temps à casser des noix avec des
pierres ou à s’épouiller. Nous pénétrons également, un peu, dans leurs
relations familiales. Mais quasiment rien ne nous est raconté sur ce formidable
spectacle que nous avons pourtant devant les yeux, si étrangement évocateur de
ce qu’ont dû vivre nos ancêtres. L’intelligence incroyable des regards, les
expressions si pénétrantes des chimpanzés ne sont pas, elles non plus,
réellement mises en valeur par la bande son. La musique aux accents New
Orleans, très dessin animé, nous maintient dans un spectacle de divertissement.
La voix off se situe souvent sur le registre de l’humour et fait – parfois –
rire, ce qui nous change agréablement des commentaires lyrico-emphatiques
habituels. Mais ça manque d’intérêt. Ce dynamisme de forme n’aurait pas empêché
un peu plus de profondeur à d’autres moments. Sans aller jusqu’à transformer le
film en documentaire classique, un peu plus d’explications auraient pu nous
enrichir de quelques connaissances précieuses, que l’on soit adulte ou enfant.
Bref, malgré les incontestables qualités du film (de belles images, des
personnages cinégéniques, et des moments drôles ou dramatiques), quand arrive
le mot « fin », on reste sur sa faim.
La projection de presse à laquelle j'ai assisté avec des collègues nous a permis de rencontrer à nouveau le célèbre réalisateur
animalier Alastar Fothergill, ainsi que le co-réalisateur Mark Linfield et le
conseiller scientifique du film, le primatologue Christophe Boesch. Tous
passionnants. Outre les coulisses du tournage et du montage de l’histoire (le
premier auteur, en fait, c’est la nature…), enfin nous en apprenions un peu sur
cette grande forêt Taï en Côte-d’Ivoire, sur les différences de culture entre
les singes de ce film et ceux des autres forêts africaines, ou sur la situation
écologique de la région. Christophe Boesch s’investit concrètement dans la
protection avec la Wild Chimpanzee Fondation. Les chimpanzés étaient un million
voici un siècle, on en compterait moins de 100 000 aujourd’hui. Puisse ce film
sensibiliser l’opinion assez fort pour que des actions suivent…
Le moment le plus révélateur a été, pour moi en tout cas,
la présentation à l’écran des portraits de tous les membres de la tribu
d’Oscar, dont la plupart ne jouent pas de rôle dans l’histoire. Ces primates
ont une telle personnalité qu’on les identifie tous du premier coup d’œil. Tous
ont une individualité étonnante. De plus, les parentés étant indiquées, on
distinguait clairement les airs de famille entre les mères et leurs
petits ! Vraiment troublants, ces cousins d’Afrique…
Un film d’Alastar Fothergill et Mark Linfield. Durée 1h18
Contente et déçue en même temps ! Contente de voir en images des choses souvent lues... mais le flon flon beau décor à la Walt Disney zut et rezut ! Un tel travail pour ce résultat : dommage ! Claire d'Aurélie
RépondreSupprimerNous sommes d'accord...
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